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Le Liban, un Espoir de Reconstruction?
Dans une vie où le monde et la politique avancent avec ou sans vous, le cas libanais n’échappe pas à ce principe. La véritable question n’est pas de savoir si ce beau pays se reconstruit. Oui, évidemment, il se reconstruit ; sa renaissance est inévitable et cyclique, comme tout autre pays ayant traversé des crises. Il s’agit plutôt de comprendre et d’évaluer cette reconstruction : sa crédibilité, son ampleur, les domaines touchés
JEUNESSESOCIÉTÉ CIVILEFRANÇAISLIBANPOLITIQUE
Ahmad-Nadim Zreik
5/23/20255 min read


En cette fin de mois de mars 2025, l’horizon libanais se dessine, ou du moins tente de se dessiner… Concrètement, que sommes-nous censés espérer lorsqu’un pays – et je dis bien pays et non État – vient de traverser un enchaînement cataclysmique : des crises de tous genres, politiques, sociales, économiques et financières, juridiques, etc.? On dit souvent que le peuple libanais est un peuple résilient, résistant, qui endure…Cet acharnement des circonstances a bien mis cette résilience à l’épreuve. Certains ont quitté, tandis que d’autres ont perduré.
Dans une vie où le monde et la politique avancent avec ou sans vous, le cas libanais n’échappe pas à ce principe. La véritable question n’est pas de savoir si ce beau pays se reconstruit. Oui, évidemment, il se reconstruit ; sa renaissance est inévitable et cyclique, comme tout autre pays ayant traversé des crises. Il s’agit plutôt de comprendre et d’évaluer cette reconstruction : sa crédibilité, son ampleur, les domaines touchés.Cet essai propose un point de vue global, mais il est essentiel de se focaliser sur les aspects les plus fondamentaux qui font d’un pays ce qu’il devrait être.
Nous avons véritablement assisté à un nouvel élan, un nouveau souffle. Tout d’abord, une nouvelle dyarchie exécutive : les deux têtes de l’exécutif libanais,le Président Joseph Aoun et le 1er ministre Nawaf Salam, se sont révélées être des responsables particulièrement intéressants.
Le nouveau président de la République libanaise, Monsieur Joseph Aoun, ancien général militaire, semble porter une attention méticuleuse à cette reconstruction. Ses nominations sont logiques, ses décisions adéquates, et sa diplomatie paraît ouverte – une approche qui pourrait porter ses fruits , son discours quant à lui est limpide concernant le désarmement , la sécurité et la monopolisation légitime de la violence de l'État.
Quant à la seconde tête de l’exécutif, un poste non négligeable, il est occupé par Monsieur Nawaf Salam, ancien juge de la Cour européenne et de la Cour internationale de justice. Sa politique semble axée sur la fin du clientélisme et l’ascension de la méritocratie. La formation de son gouvernement en est l’illustration parfaite : un gouvernement fondé sur la compétence et non plus sur la popularité politico-confessionnelle(ministres aux postes clés qui semblent être qualifiés et compétents: Ghassan Salamé , Rima Karami et Fayez Rasamny). Une assurance dont le pays avait cruellement besoin, sans oublier l’émergence de ministres ambitieux et tout simplement nécessaires.Toutefois, il reste à voir quels seront les résultats concrets des projets de loi exécutifs avec le temps.
Sur le plan juridique, on constate clairement une réactivation des agents territoriaux, sans dire qu’ils avaient totalement disparu…La police locale et l’armée reprennent du pouvoir, les tribunaux (pour la plupart) sont à nouveau ouverts et fonctionnels, les assignations reprennent, et le système judiciaire, ficelé avec précision, se réactive peu à peu avec la réouverture de quelques institutions, ainsi que la remise en marche de réformes sociales.
Le système bancaire s’est récemment vu attribuer un nouveau gouverneur de la Banque du Liban. Il est encore trop tôt pour en juger les effets. Quant au système économique, il semble se relancer avec l’arrivée de nouveaux investissements étrangers, la réouverture d’anciennes entreprises et l’embauche de nouveaux employés.Les boutiques et les marchés rouvrent, un très bon signe pour l’économie libanaise , ce qui se confirme notamment à travers les ré-ouvertures de centres sociaux ou d’aires très populaires (downtown,centres commerciaux, etc…)
Enfin, qu’en est-il du peuple, de notre société, de cette fameuse opinion publique ?
On ne pourra jamais entrer dans la tête du peuple. De plus, les statistiques masquent souvent des externalités qui, à mon goût, se révèlent souvent décisives, avec une corruption courante, et la transmission de la guerre libanaise aux administrations, que pouvons- nous en penser?
Ce que l’on peut néanmoins constater, c’est qu’une bonne partie des Libanais – tant au Liban qu’à l’étranger – se montrent optimistes. Le peuple semble croire en cette reconstruction, que ce soit à travers les réseaux sociaux ou les écrits de la presse.Ce qui me semble intéressant dans cet essai, c’est que je peux donner un avis personnel et m’affranchir d’une neutralité stricte. La politique semble aller mieux. Cependant, il faut noter que le président du Parlement n’a pas changé. Je ne dis pas qu’il doit être remplacé, mais il faut comprendre que, dans un système parlementaire, la transformation n’est pas totale. Des réminiscences des années précédentes sont encore présentes. Il serait naïf de croire que l’ensemble de l’État a changé du jour au lendemain.
Les institutions et le système juridique n’ont jamais été le véritable problème. C’est la corruption qui les gangrène et constitue le véritable fléau de notre État. Les institutions reviennent, oui, mais cela signifie-t-il que nous pouvons enfin avoir confiance en nos juges, nos administrations et nos services sociaux ? Rien n’est assuré surtout quand on connaît le passé douloureux politico-social du pays concernant le clientélisme et les privilèges privés.
L’instabilité de nos marchés financiers est un fait. Les variations des cours boursiers sont imprévisibles et reflètent cette insécurité économique. Les investisseurs sont présents, certes, mais pour combien de temps ? Nous avons déjà connu des essors financiers et bancaires, encore faut-il qu’ils soient viables et rassurants sur le long terme. Concernant le nouveau gouverneur de la Banque du Liban, sa réputation semble prometteuse, mais attendons de voir s’il parvient à stabiliser un système bancaire national en crise.
Enfin, le nerf de la guerre, le facteur le plus important à mes yeux : le peuple. La première question qui me vient à l’esprit est : y a-t-il une nation ? Car le peuple, lui, a toujours été là, et souvent trop optimiste. La véritable interrogation est de savoir si ce peuple est uni face aux défis qui l’attendent, ou si ce “fédéralisme confessionnel” persiste encore.
À mon goût, le bilan social n’est pas rassurant. Il est même inquiétant. L’obsession principale semble être la recherche d’un coupable. Tout le monde se pose la question : qui est responsable de tout ce que nous avons vécu ? Nous avons constamment qualifier la guerre du Liban d’ une “guerre des autres sur notre territoire”, principalement pour se détacher du blâme des atrocités.
Pour conclure, j’aimerais affirmer que le coupable, c’est nous. Nous sommes responsables de tout ce qui est arrivé. Nous, le peuple, ce facteur primordial à tous les niveaux. Les entreprises ont besoin de nous, les institutions ont besoin de nous, et l’État a besoin de nous. Sachez que la véritable clé est entre nos mains.
J’ai le plaisir, en tant que fervent rousseauiste, de conclure avec cette citation : “La souveraineté, étant indivisible, ne peut s’aliéner ; et le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même.”
Je pense que cette citation ( très simple et populaire d’ailleurs) exprime haut et fort ce que nous avons rejeté durant des années… En tout cas , faisons confiance à nos représentants en place et avançons ensemble vers un avenir meilleur , prenons des risques , il est temps de le faire.
La jeunesse d’aujourd’hui PEUT et SAIT. Nous avons entendu des centaines d'histoires de succès de la jeunesse libanaise à tout niveau, sur le globe entier, Un Liban toujours jeune, et plein d’espoir.